Art & Architecture

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Une construction moderne pour le XVe siècle

Vue aérienne de la forteresse

Venez découvrir cette forteresse unique et impressionnante, construite au tout début de la Renaissance !

Une architecture de transition

Construite au début du XVIe siècle, cette forteresse présente une architecture de transition entre le château fort du Moyen Âge et la place-forte à plan bastionné du XVIIe siècle. Elle offre un visage résolument moderne notamment en raison de la compacité de ses volumes extérieurs ou de la multiplicité de ses ouvrages défensifs.

Son plan et son architecture résultent de la synthèse de plusieurs traditions. Elle reprend, ainsi, quelques éléments de l’architecture castillane tels que la subdivision de l’espace interne en trois entités autonomes (place d’arme, réduit, donjon), la complexité des circulations internes en un réseau de couloirs construits à l’intérieur de la muraille, ou encore la présence d’échauguettes  greffées en encorbellement sur les tours. 

Certains éléments témoignent également d’une influence italienne : la structure interne des tours d’angle ou encore l’adoption de règles de symétrie. À ce propos, notons que Charles Quint fit appel à des ingénieurs italiens comme Gabriele Tadino de Martinengo et Benedetto Da Ravenna pour réaménager les éléments défensifs. Dans les rapports envoyés à l’Empereur, ces derniers préconisèrent notamment de doter les quatre tours d’angle de parapets  ; de construire trois cavaliers , deux sur les murailles nord-ouest et sud, un sur le sommet du donjon ou encore de construire des chemises  sur une hauteur de dix mètres au pied des murailles.

Photo aérienne de la forteresse de Salses
Photo aérienne de la forteresse de Salses

© AB CMN FDS

Décourager et repousser les assaillants

La construction de la forteresse repose sur des règles de symétrie. De plan rectangulaire de 110 mètres par 84 mètres, le corps de place est délimité par quatre courtines  dotées de quatre tours d’angle circulaires. Elle est en outre semi-enterrée, ce qui nécessita l’excavation puis le drainage d’un terrain au sous-sol fort humide. Enfin, l’appareil des murs témoigne de la variété des matériaux de construction utilisés. Des Corbières voisines provient un calcaire rouge ocre ; de l’Ampurdà voisin, le calcaire blanc, tandis que les briques ont été fabriquées dans les ateliers des villages voisins (Salses, Claira, Saint-Hippolyte).

Le corps de place est entouré d’un fossé de 12 à 15 mètres de largeur, pour 6 à 10 mètres de profondeur, qui se trouve au même niveau que le sol des salles et des galeries les plus basses. Une cunette  permettait le drainage des eaux de surface, afin d’éviter leur stagnation, et, partant, de limiter la pestilence et les fièvres. Le fossé est limité vers l’extérieur par un talus appelé contre-escarpe et vers l’intérieur par une escarpe. Dans la première phase de construction, les contre-escarpes étaient pourvues d’un glacis  et prolongées, sur l’extérieur, par un chemin de pierre couvert qui fut rasé sur ordre de Vauban. 

Lors de la construction, des poternes  furent également ouvertes dans ces contre-escarpes avec un accès depuis les ouvrages avancés afin de prendre à revers l’ennemi qui se trouverait dans le fossé. Par ailleurs, une étroite galerie d’escarpe voûtée en demi-berceau ceinture tout le périmètre de la forteresse, en traversant la base des tours. Elle servait de galerie d’écoute et de contre-mine. 

Ces différents aménagements visaient notamment à limiter les effets de la pose de mines. Après le siège de 1503, les escarpes furent renforcées, sur environ 7 mètres depuis le fond du fossé, par un talus chemisé afin de protéger la muraille de l’action des mineurs . Ces aménagements condamnèrent de ce fait les postes de tirs (petites canonnières et fentes de visée à arquebuse) situés dans la partie basse des courtines.

La tour nord ouest et sa caponnière
La tour nord ouest et sa caponnière

© CMN FDS

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