Art & Architecture
article | Temps de Lecture8 min
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Partez à la découverte de la forteresse de Salses et de son incroyable système défensif.
Située côté Sud, l’entrée principale de la forteresse se singularise par la complexité de son système défensif.
Un premier pont-dormant permet d’accéder à une barbacane* qui est rattachée à un élément défensif avancé (ou demi-lune ) par un pont-levis à flèche. Un second pont-dormant enjambant le fossé extérieur relie cette demi-lune au châtelet d’entrée.
Celui-ci est constitué de deux tourelles cylindriques cantonnant une porte monumentale surmontée d’un bas-relief, aujourd’hui très érodé, où étaient peut-être gravées les armes des rois catholiques, Ferdinand II d’Aragon et Isabelle de Castille. Le châtelet est surmonté d’un cavalier portant des pièces d’artillerie. Barré aux deux extrémités par deux lourdes portes charretières, un passage coudé relie le châtelet à la place d’armes. Doté de meurtrières intérieures, sa forme coudée permettait de freiner l’assaillant et d’éviter les tirs en enfilade.
Trois ravelins sont construits dans les fossés et constituent des ouvrages de défense avancés. En forme de demi-lune, ils sont dotés d’un éperon défensif permettant de dévier les chocs frontaux. Ils sont reliés au corps de place par différents systèmes : par un pont dormant (demi-lune de l’entrée) et par une galerie semi-enterrée ou caponnière (demi-lune au sud-est). Entourée d’un parapet en quart-de-rond, équipée de canonnières, leur plate-forme sommitale pouvait accueillir plusieurs pièces d’artillerie.
© CMN FDS
Les courtines s’apparentent à de longues murailles périmétrales dotées de quatre tours d’angle. Leur architecture est conçue pour répondre aux évolutions de l’artillerie. En effet, à compter du milieu du XVe siècle, les canons à courte portée lançant des boulets en pierre furent progressivement remplacés par des canons à plus longue portée utilisant des boulets métalliques qui détruisaient les merlons et les mâchicoulis situés sur le haut des courtines, provoquant ainsi d’importants dégâts dans les murailles.
Pour répondre à ces transformations, des nouveautés architecturales furent introduites. Le haut des courtines fut doté d’un quart arrondi pour permettre aux boulets de ricocher. Il fut aussi construit en brique, matériau qui amortit les chocs des boulets sur la pierre, l’empêchant ainsi d’éclater. Les murs furent également renforcés, passant de 2-3 mètres à 6-12 mètres d’épaisseur.
Les courtines sont cantonnées par quatre tours d’angle de forme circulaire. Leur hauteur est de 21 mètres pour les tours Sud-Ouest et Nord-Ouest ; de 18 mètres pour les tours Sud-Est et Nord-Est. Elles possèdent un puits central qui sert tout à la fois de monte-charge pour les pièces d’artillerie, d’évent des fumées de poudre, et de porte-voix. Un puits artésien alimenté par des sources fournit l’eau nécessaire au refroidissement des canons.
Chaque niveau est indépendant et communique avec le corps de bâtiment adjacent, ce qui renforce d’autant la résistance en cas de siège ennemi. Leur toit est constitué d’une plateforme de tir où étaient installées des pièces d’artillerie. Les parapets crénelés surplombés de guérites en encorbellement qui ceinturaient la plateforme sommitale ont été remplacés par des murets de pierre équipés de canonnières.
Enfin, les poternes ouvrant sur le fossé furent condamnées après le siège de 1503.
© Asphérie / Centre des monuments nationaux / FDS